Verband Schweizer Filmklubs und nicht-gewinnorientierter Kinos
Association suisse des ciné-clubs et des cinémas à but non lucratif
Associazione svizzera dei circoli del cinema e dei cinema senza scopo di lucro
Swiss Association of Film Societies and Non Profit Cinemas

Festival international des ciné-clubs, Reggio29.06.2003

Festival international des ciné-clubs, Reggio Calabria, 3-7 juin 2003

Pour sa cinquième édition, le Festival international des ciné-clubs, organisé par la Fédération italienne des ciné-clubs en coopération avec la FICC (Fédération internationale des ciné-clubs), a offert un programme particulièrement riche aux délégués des fédérations nationales, qui étaient plus d’une centaine à avoir fait le déplacement dans la capitale calabraise. Venus tant d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie que d’Europe et du Moyen Orient, ces délégués ont en outre participé aux assises annuelles de la Fédération internationale, dont le bureau exécutif a connu plusieurs remaniements à cette occasion. Mission lui a été confiée d’intensifier les efforts entrepris auprès des distributeurs pour assurer la disponibilité, sur les différents marchés nationaux, d’œuvres cinématographiques dont la durée de vie est souvent limitée à un réseau de quelques festivals.
Suivi par un public fidèle, ce petit festival sans compétition – qu’il serait plus approprié d’appeler «Rencontres internationales» – présente l’intérêt majeur d’offrir, le plus souvent en première vision italienne, une sélection des films distingués par un «Don Quijote» (prix décerné par le jury de la FICC) dans les festivals internationaux au cours de l’année écoulée. La programmation du festival constitue donc une vitrine de choix pour des productions cinématographiques d’auteur, qui ne connaissent souvent pas les faveurs des distributeurs commerciaux en dehors du pays de production ou de leur aire linguistique. Lors de cette édition, une dizaine de longs-métrages primés ont été présentés, auxquels s’ajoutaient des courts et moyens-métrages, tandis que les honneurs de la section «Vetrina internazionale» étaient réservés aux cinéastes suisses Erich Langjahr et Silvia Haselbeck, dont fut présentée la trilogie Sennen-Ballade (1996), Bauernkrieg (1998) et Hirtenreise ins dritte Jahrtausend (2002) – ce dernier ayant été primé par le Don Quijote du festival de Leipzig. Ces trois films suscitèrent des discussions particulièrement intéressantes avec un public très sensible aux aspects inéluctables de la globalisation des marchés, décrits avec la séduisante finesse du documentariste lucernois.
Parmi les longs-métrages sélectionnés à Reggio, une part importante provenait d’Europe centrale; ces films montrent d’éclatante manière la vitalité et la créativité de jeunes cinéastes attentifs à la réalité sociale de leurs pays, qu’ils n’hésitent pas à dépeindre de manière souvent crue, mais avec une vision pleine d’humanité et jamais totalement dénuée d’espoir – même s’il est ténu. Citons notamment, en espérant que des distributeurs courageux en acquièrent les droits pour la Suisse, le magnifique Edi du Polonais Piotr Trzaskalski : parabole de l’éveil à la paternité, dans laquelle un homme presque dénué de tout se voit confier un nouveau-né, dont il n’est pas le père mais qu’il va aimer comme son propre fils, avant qu’il ne doive le restituer à ses parents repentis. Peinture de la pauvreté urbaine – qui n’est pas sans rappeler le cinéma social anglais – et du pouvoir arrogant des nouveaux riches, opposée à l’évocation d’une enfance campagnarde retrouvée par un père putatif en fuite, Edi est un éblouissant récit d’apprentissage à l’humanité, au pardon et à une certaine forme de rédemption.
Slepa Pega (Blind Spot) de la Slovène Hanna A. W. Slak, relate en un quasi huis clos la tentative d’une jeune femme de venir en aide à son frère toxicomane, qu’elle essaie de toutes ses forces de délivrer de sa dépendance ; filmé à la manière d’une chronique imagée de cette lente déroute, il offre un regard sans aucune concession sur la détresse des protagonistes, mais décrit aussi, avec une puissance infinie, la tendresse qui unit toujours ces deux enfants de naguère. Distingué à Kiev en octobre passé, l’extraordinaire court-métrage d’animation Tram #9 was going, du jeune Ukrainien Stepan Koval – cousin slave des frères Guillaume de Fribourg – réussit l’exploit, en dix minutes et dans le microcosme d’un wagon de tram local à une heure de pointe, d’aborder toute une palette de difficultés du quotidien (de la place des vieillards dans notre société à l’emprise de la télévision, en passant par le suicide des jeunes) mais avec l’irrésistible humour surréaliste qui a fait la célébrité du cinéma d’animation d’Europe de l’est. Parmi les films d’autres provenances (Mexique, Argentine, Iran) mentionnons encore Ali Zaoua, du Marocain Nabil Ayouch, une évocation très forte du quotidien des enfants des rues de Casablanca.
Laurent Sester, Cinélibre
Festival international des ciné-clubs, Reggio Calabria

Zurück